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La Bibliothèque des Erreurs est une œuvre conçue à partir d’images reproduites scratcher sur un patchwork en velcro. Sur un dessin réalisé à la machine à coudre, des reproductions de plans, modélisations 3D, illustrations, publicités, photos … forment une composition qui tisse des liens autour de l’image-support.

Dans un processus axé sur le mouvement et la réversibilité, les images sont «scratchées» à même le dessin, offrant des possibilités de recomposition continue. À travers l’utilisation du geste du scratch, je propose de repenser les conditions de réception de l’art, présenté d’abord ici comme une activité.

En détournant le format des planches tendances et autres moodboards, outils du marketing et de la communication, je les inscris dans une économie de moyens propre aux techniques amateur : patchwork, piqué-libre, scans et prélèvement d’images. Je revendique un geste accidenté, teinté d’irrégularité dans la couture et d’imprécisions dans les lignes.

J’opère un glissement similaire en dessinant selon une vue axonométrique habituellement réservée aux dessins techniques et à l’architecture. Je cherche à déborder les hiérarchies entre pratiques amateurs et formes industrielles, au profit d’une mise en scène de l’échec en opposition à une réussite souvent synonyme de productivité.

En traitant sur le même plan une sélection documentaire éparse, je déjoue les hiérarchies qui existent entre les images et provoque des rencontres improbables et des accidents sémantiques. Venant perturber mon plan d’une bibliothèque circulaire, les images en superposition recomposent un paysage dans lequel vient s’inscrire le dessin original.

Le projet de bibliothèque Françoise de la Croix-Du-Maine, La Super-chair, Ouranopolis, Billy, Ignatz, le Kat, Officer Pupp, et les autres, tracent les contours de l’imaginaire des bibliothèques circulaires, descendant de la Bibliothèque de Babel et cousin de la bibliothèque infinie de Borges. En s’interrogeant sur la subjectivité des stratégies de classement bibliographique, je prolonge le travail amorcé dans mon mémoire au sujet de la bibliothèque comme autoportrait.

En décloisonnant les identités, qu’il s’agisse de celle de l’artiste, du regardeur ou des images montrées, plus proche d’Abby Warburg que d’une équipe de marketing, je m’inscris ici en filiation direct avec le travail de Pierre Laiguillon. Le titre de la pièce étant d’ailleurs une référence à son « musée des erreurs », mais aussi à la « Library of Mistake » bibliothèque et fondation dédiée à l’Histoire de la finance.




La bibliothèque des erreurs ; 2023.
Scratch cousue, Impression laser, pvc transparent, châssis bois. 126x86x3,5 cm.

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